Rosans et le Rosanais

Vue du village de Rosans depuis les hauteurs

Saint-André de Rosans


Saint-André en Rosans depuis la première date attestée en 1671 jusqu’à l’an 7 de la République (octobre 1798), puis André-sur-Eygues puis Saint-André, enfin Saint-André de Rosans depuis fin 1798.

Quelques aspects du village aujourd’hui.

st-andré-vue – Il y avait trois communes appelées Saint-André dans les Hautes-Alpes : une seule y a renoncé : elle est devenue La Faurie. Saint André était un des douze apôtres, frère de Simon-Pierre. Il partit prêcher l’Évangile, au cours d’un long voyage tout autour des côtes de la mer Noire, et il fut crucifié sous l’empereur Néron, en l’an 60, à Patras, un port de la Grèce à l’Ouest d’Athènes. André est un prénom grec qui, selon le Breviarum Apostolorum, signifie viril, beau ou courageux.

Épaulé par la montagne sacrée de Risou, où l’on trouve les roches les plus récentes de la région, le village possède aussi les ruines d’un prieuré millénaire.

L’église de ce prieuré était, à voir ce qu’il en reste, la plus grande de toutes les églises de la région. Elle fut incendiée par Dupuy-Monbrun lors des guerres de religion.

Le prieuré

prieuré1 – Les restes de l’église du prieuré, vue des champs.

Richaud, un clerc, donna le 19 avril 988 avec jouissance immédiate à Dom Maïeul, prieur de l’abbaye de Cluny en Bourgogne, divers biens situés à Saint-André et en d’autres lieux.

Après avoir pris possession du legs de Richaud, Cluny fit édifier un monastère, désigné dès sa naissance comme « prieuré », et tout un ensemble de bâtiments : cloître, église, réfectoire et dépendances. Plus d’une génération de moines s’y employèrent avant de le terminer.

Son plan et ses dimensions – il s’inscrit dans un quadrilatère de 45 x 39 mètres – sont très proches de deux autres prieurés romans provençaux.  

prieuré2 – Vue dans l’axe de l’église. On voit encore l’amorce de la voûte.

La puissance de ce prieuré s’établit peu à peu, et de manière de plus en plus assurée, comme en témoignent les rattachements d’autres abbayes bénédictines, et les missions de visiteurs qui sont confiées au prieur de St-André, c’est-à-dire le contrôle des autres abbayes ou prieurés de l’ordre de Cluny.

C’est Charles Dupuy de Montbrun qui sonnera le glas du prieuré, car en 1574 il brûle, et l’église de Saint-André, et celle de Rosans, y ajoutant la mise à sac des bâtiments.

st-andré-église

Seuls restent debout aujourd’hui quelques murs de l’église, le cloître, et le réfectoire. Un dossier très complet, établi pour le millénaire en 1988, retrace les points importants de son histoire et de son architecture. Vous pouvez vous y reporter.

L’église est l’ancien réfectoire des religieux. On lui a rajouté par la suite une tour et deux cloches.

prieuré3 –

Toute une série de mosaïques ont été trouvées lors de fouilles faites dans le chœur de l’église.

Ramenées à St-André après avoir été restaurées par l’atelier de Saint-Romain-en-Gal, près de Vienne, elles sont exposées depuis 2007 dans l’ancien cellier du prieuré, qui se trouve entre les églises ancienne et nouvelle.

Elles n’ont pas été disposées suivant leur emplacement primitif, faute de place.

C’est dans la partie rectangulaire unie qui se trouve en bas, à gauche de la photo, que se trouvait l’autel.

stubeau –

C’est la suite de l’église, avec un bâtiment bien restauré. En tournant à droite on revient sur la place de la Mairie.

Le village

st-andré-château – Le seul groupe de maisons en assez bon état est situé autour du bâtiment étiqueté, certainement à tort, château. C’est celui situé au centre de la photo de gauche. En fait c’est une maison que l’on pourrait appeler « bourgeoise » avec, parait-il, un bel escalier, et un intérieur un peu plus élaboré que les autres bâtisses du village.

st-andré-rue3 – À droite on pénètre dans une série de petites rues. Il y a beaucoup de ruines, ou semi-ruines, quelques maisons, quelques pans de murs réparés, souvent sans beaucoup d’idée, sans beaucoup de goût.

Les mystérieuses boules de grès, des œufs de dinosaures ?

st-andré-plage – C’était il y a environ cent cinquante millions d’années, à la limite de l’Albien, une des plages de Saint-André. On voit très clairement les différentes ondes d’une mer, très peu agitée, en train de se retirer. La mer était chaude et peu profonde : elle s’étendait du Jura à la Méditerranée, en parlant comme aujourd’hui. C’est le soulèvement des Alpes qui a détruit son fragile équilibre.

Il n’y avait pas de dinosaures, car ce n’étaient pas des poissons… On trouve leurs traces en bordure, vers Aix-en-Provence et dans l’Hérault. Si bien que ces boules trouvées ci-après ne sont pas leurs œufs. Ce sont – peut être – des restes de mobilier de plage fossilisés : parasols … allez savoir.

La série argilo-calcaire, dite des marnes bleues, qui s’étend sur plusieurs centaines de mètres, s’est déposée entre 116 et 98 millions d’années. Elle contient des barres de sable et de grès, bien visibles dans le paysage, avec passage brusque d’une couche à l’autre. Ces roches sont constituées de grains de quartz de petite taille (0,1 à 0,2 mm de diamètre) bien triés. On y trouve aussi des grains de glauconie (1 à 30 %) qui attestent de l’origine marine de ces sables.

Le sable, après 150 millions d’années, garde la trace des ondes d’une mer qui, très peu agitée, était en train de se retirer.

On trouve dans ces barres rocheuses des boules, incrustées, dont la taille peut être impressionnante, d’à peine 2 cm à plus d’un mètre. Ces boules sont constituées exactement du même matériau que le grès qui les entoure, même taille, même nature, même proportions, et même degré d’usure des grains. La seule différence est, en plus de la couleur, plus soutenue, le degré de cimentation, plus important à l’intérieur des boules. Ce ciment est composé de calcite, accompagné d’un peu de silice qui soude les grains entre eux.

Les lignes qui structurent les grès traversent les boules sans déformations. Elles se sont formées dans le banc après son dépôt, après aussi la phase de compactage. La géométrie de ces structures permet d’affirmer que les grès se sont mis en place grâce à des écoulements de sédiments encore gorgés d’eau, véritables avalanches sous marines, qui ont entraîné le matériel sédimentaire vers le fond. Ces courants semblent avoir suivi un couloir large de quelques kilomètres, allant de Crest à Serres, soit plus d’une centaine de kilomètres.

Cette explication a été donnée en 2003 par Michel Rio, dans le bulletin de la Société d’Études des Hautes-Alpes. Elle est intéressante, mais elle n’explique, en rien, la formation de ces boules, indépendantes, et dissociables du banc.               

st-andré-boule1 – Il y a là un phénomène très spécial, qu’il n’explique pas. Il est peu vraisemblable qu’elles se soient formées spontanément au milieu de l’écoulement, je dirais même que c’est impossible d’un point de vue hydraulique, c’est aussi impossible à cause de leur couleur, qui est nettement plus foncée que les couches adjacentes.

st-andré-boule2 – Il se pourrait, mais je ne suis pas un géologue, que ce soit une variante de stromatolite. C’est une roche fossile dont la structure est présumée avoir été élaborée par une communauté d’organismes microscopiques, essentiellement, différents types de bactéries et d’algues.

Des concrétions de couches sableuses se seraient formées autour d’un corps étranger de taille variable (plantes, cailloux par exemple). Quand les couches de sédiments se sont retrouvées à l’air libre, les concrétions ont été dégagées de leur gangue sableuse friable, et leur surface a été régularisée et lissée.

Il en existe, encore de nos jours, en Australie, sur une plage discrète.

st-andré-borie –

On les appelle  » trulli  » en Italie du Sud, dans les Pouilles, et on les passe à la chaux ; on les appelle « bories » dans le sud du Vaucluse : ce sont des cabanes de bergers, mais leur toit est beaucoup mieux arrangé. Quoiqu’il en soit elle mériterait d’être protégée et restaurée.

Quel lien me direz-vous avec la plage ci-dessus ? c’est peut-être une cabane de plage qui a survécu…