Rosans et le Rosanais

Vue du village de Rosans depuis les hauteurs

Les guerres de religions


Si c’est en 1562, que l’on date le début des guerres des religions, de nombreuses guerres avaient auparavant ravagé la région. Une des plus importantes avait opposé pendant de longues années le Dauphiné et la Provence: c’est ainsi qu’en 1369 les Provençaux avaient envahi les Baronnies et le Gapençais. Venant de Verclause ils semèrent la terreur pendant deux ans : le prieuré de Saint André, beaucoup de villages furent détruits. Rosans ne fut pas épargné, mais avec sa garnison et ses remparts, résista mieux.

Mais c’est entre 1573 et 1575 que Charles Dupuy-Montbrun détruisit tous les établissements et toutes les églises catholiques de la région. En 1575, arrêté sur ordre de Henri III pour avoir volé un de ses convois de fonds, il est décapité et son château de Montbrun-les-bains rasé. On peut lui imputer la destruction à Rosans de l’église Notre Dame la Blanche qui était vers le garage actuel des pompiers. Un des rares vestiges qui en subsiste est une petite colonne sculptée d’environ 30 cm de haut qui a été incluse dans la partie inférieure de l’œil de bœuf du petit cabanon situé sur la place de Rosans entre l’église et la Poste.

Après la mort de Montbrun, Lesdiguières, qui était né le 1 avril 1543 à Saint-Bonnet-en-Champsaur, devint le chef du parti protestant, mais beaucoup plus tolérant, il limita les exactions. C’est en 1576 qu’il achète à Delphine de Rosans, sur sa cassette personnelle, la moitié de la seigneurie de Rosans. Il fait agrandir le château, dont une des deux parties centrales parait dater du XVe siècle, et vers 1590 ordonne la construction des écuries du « Grand Jeon ».

Lesdiguières vend le premier mai 1600 sa part de seigneurie à Jean-Antoine d’Yse, un de ses plus valeureux capitaine. La famille d’Ise ou Dyse originaire du comté de Nice embrassa très tôt le protestantisme. Elle favorisa, poursuivant l’impulsion donnée par Lesdiguières, son extension à Rosans : l’établissement d’un pasteur à demeure à Rosans et la construction d’un temple, temple qui fut démoli après l’édit Royal du 25 juin 1685 qui abrogeait l’édit de Nantes.

Pendant quelques vingt ans, à la fin des années 1500, aucun service religieux catholique ne fut célébré à Rosans. D’ailleurs aucun curé n’aurait pu y subsister car les chefs protestants avaient confisqué tous les bénéfices antérieurement attribués au clergé.

En 1600 les protestants étaient en majorité sur les catholiques, mais peu à peu leurs rangs s’éclaircirent : en 1713 on ne décomptait plus que 66 familles, et en 1741 seulement 55 familles protestantes sur les 185 que comptait la commune.

A cette date on dénombrait parmi les personnes en âge de communier 130 protestants pour 350 catholiques. Malgré tout, ces non-catholiques demeuraient très obstinés, et soit en raison de leur fortune, soit en raison de leur habileté, ils possédaient l’influence et le pouvoir au sein de la communauté.

La répression des protestants, « la religion prétendue reformée », se poursuivit pendant de nombreuses années.

La construction des lieux de cultes

Le projet de construction d’une nouvelle église, malgré des besoins pressants, se heurta pendant de longues années au mauvais vouloir, voire à l’hostilité des autorités locales. Ce n‘est que dans les dernières années du Gouvernement de Juillet, que l‘actif et zélé Abbé Richier, originaire de Gap, réussit enfin à obtenir sa construction, financée par les fidèles. Décidée en 1845, commencée en 1847, l‘entreprise fut paralysée par la révolution de février. On ne posa la première pierre, accompagnée de 3 médailles et de la bénédiction traditionnelle que le 17 mai 1848.

Dans le même temps, entre 1845 et 1847, un temple était construit au couchant du bourg sur un terrain donné par Théodore Corréard, avocat à la cour de Grenoble, maire de Vinay (Isère). Ce temple d‘un coût de 18 000 Francs fut entièrement payé par le gouvernement de Louis-Philippe (1830 – 1848). Il fut utilisé pour le culte jusqu’aux environs de la guerre de 1939, le pasteur venait de Trescléoux ; il servira quelques années à un syndicat agricole pour y stocker des produits variés, il est devenu maintenant la Mairie du village.

Donc vers 1847 les protestants étaient encore gagnants : ils réussissaient à freiner la construction de l’église et obtenaient l’argent pour construire leur temple. On ne sait plus, en l’an 2000, qui l’emporte : il reste à Rosans 3 protestants et la messe du dimanche réunit de 10 à 20 personnes en période ordinaire.